Il faudra des mois voire des années pour comprendre comment le Hamas a pu préparer l'attaque lancée samedi 7 octobre sur Israël. Et pour découvrir comment l'organisation islamiste a pu financer sa plus grosse opération militaire depuis la guerre du Kippour en 1973. Dans un article passionnant, le Wall Street Journal livre une partie de la réponse : les cryptomonnaies.

Des documents saisis par Israël et des rapports d'analyse de la blockchain ont montré que dans l'année qui a précédé l'attaque, trois groupes militaires -le Hamas, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine (ou MJIP) et le Hezbollah- ont reçu de très grosses quantités d'argent via des cryptomonnaies. Des portefeuilles liés au Hamas selon les autorités israéliennes auraient ainsi reçu 41 millions de dollars entre août 2021 et juin de cette année, révèlent des travaux menés par BitOK, une société d'analyse basée à Tel-Aviv. Sur la même période, le MJIP aurait reçu 93 millions de dollars. Le groupe a participé à l'attaque de samedi, menée d'abord par la branche armée du Hamas.

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Les trois groupes sont considérés comme des organisations terroristes par Washington et font l'objet de sanction par le département du Trésor américain. Elles ont donc un accès restreint au système bancaire international.

Financement du terrorisme

Il est encore un peu prématuré pour savoir si cet argent a directement permis de préparer l'opération d'ampleur lancée samedi. Mais la police israélienne a déjà prévenu qu'elle cherchait à localiser « l'infrastructure financière en cryptomonnaie utilisée par les terroristes pour financer leurs activités ». Les autorités ont également annoncé avoir gelé des comptes utilisés par le Hamas pour récolter des dons.

En juin dernier, Israël a lancé une opération pour saisir les avoirs en crypto du Hezbollah. À cette occasion, le ministre de la Défense Yoav Gallant avait déclaré que l'utilisation de devises digitales compliquait fortement la lutte contre le financement du terrorisme.

Un mois plus tard, le bureau national israélien de lutte contre le financement du terrorisme exigeait la saisie des cryptos détenues sur 67 comptes Binance, première plateforme d'échange mondiale de crypto-monnaie. D'autres demandes visaient également la confiscation de fonds détenus chez Binance. En parallèle, le département américain de la Justice a lancé une enquête sur la façon dont l'entreprise gère le risque de blanchiment d'argent.

Nerf de la guerre

Le porte-parole de Binance a indiqué que l'entreprise coopérait activement avec les autorités, y compris israéliennes, pour lutter contre le financement du terrorisme. « Ces derniers jours, nos équipes ont travaillé sans relâche, nuit et jour, pour apporter leur appui aux efforts en cours », a souligné un représentant de l'entreprise auprès du Wall Street Journal. Mardi, la police israélienne a annoncé que de nouveaux gels de comptes étaient menés avec l'aide de Binance.

Depuis 2019, la branche armée du Hamas fait appel aux dons de ses soutiens en Bitcoins. « Le nerf de la guerre est l'argent », affirmait l'organisation sur Telegram, tout en joignant l'adresse d'un portefeuille électronique pour y verser de l'argent. Environ 30 000 dollars avaient été récoltés de la sorte. Le Hamas a cessé de rendre public ses « wallet », depuis que leurs membres se sont aperçus que les autorités israéliennes ou américaines pouvaient retracer sans difficulté les mouvements financiers. La technologie de la blockchain est centrée sur un registre public qui recense la totalité des transactions virtuelles. L'organisation semble privilégier désormais des systèmes de traitement des paiements plus discrets, qui génèrent une adresses et dissimulent le porte-feuille.

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